Réaliser l’unité du corps du Christ au sein du couple conjugal

Réaliser l’unité du corps du Christ au sein du couple conjugal

L’Epître aux Ephésiens parle de l’unité au sein du corps du Christ, l’Eglise. Le chapitre 5, verset 21 à 33 fait une grande contribution à la réalisation pratique de cette unité des membres de l’Eglise. En effet, la cellule familiale repose sur l’époux et son épouse. Ceux-ci sont appélés, dans leur cadre restreint, à vivre la paix, l’entente, l’harmonie que la croix apporte aux humains. Pour y arriver, Ephsiens 5.21-33 recommande à la femme de se soumettre à son époux et que ce dernier aime sa femme. Se soumettre, traduction du grec hupotassô, a le sens de s’assujettir à, se placer sous, se subordonner à. Le terme grec suggère l’idée d’une personne à part entière, qui a le même droit que l’autre, égale à l’autre, qui consent volontairement de se priver de son égalité pour se mettre sous cette autre de même rang qu’elle. BENETREAU qui explique le même verbe dans le contexte de 1Pierre 2.13 retient qu’il « exprime la libre acceptation d’une place inférieure dans un ensemble ordonné» (S. BENETREAU, La Première Epître de Pierre, Vaux-sur-Seine : Edifac, 1992, 2ème édition, p.149.)

 Cette soumission, le texte la veut “dans la crainte du Christ”. Cette expression, au regard de la traduction du Semeur (parce que vous révérez le Christ), donne l’idée selon laquelle la soumission est une conséquence de la vie d’obéissance à Christ. Alors, une femme qui obéit à la volonté de Dieu se soumet naturellement à son époux. La traduction littérale, “dans la crainte du Christ” me semble aussi donner le cadre où la soumission demandée à la femme devra s’exercer. La recommandation n’est donc pas une autorisation accordée à la femme d’agir contre la volonté de Dieu sous prétexte qu’elle se soumet à son époux.

De son côté, le mari doit aimer son épouse.  Aimer traduit le verbe grec agapao qui veut dire être satisfait, recevoir, accueillir, honorer, rechercher. Il contient un élément de sympathie, et dénote l’idée de préférer. C’est un amour qui fait de distinctions choisissant librement ses objets. Il n’est pas égoïste, mais actif. Le mari doit agir à l’égard de sa femme comme Christ l’a fait pour l’Eglise. L’amour du Christ pour l’Eglise est actif et libre. Il a concrétisé son amour pour l’Eglise en se donnant ou en se livrant lui-même pour elle. Donner et livrer rendent un verbe grec qui a le sens de : renoncer à. Par exemple renoncer à son propre esprit, corps ou soi-même (Jn 19.30 ; 1 Cor 13.3 ; Gal 2.20 ; Rom 4.25). Il exprime la volonté de mourir ou l’amour qui se sacrifie. Ephésiens 5.2 recommande que la vie de tout croyant s’inspire de l’amour à l’exemple du Christ qui a aimé les hommes et a donné sa vie pour eux comme une offrande et un sacrifice d’agréable odeur à Dieu. Ce verset retient que l’amour du Christ pour les hommes débouche sur le sacrifice à double aspect : l’oblation et le sacrifice sanglant (L. BONNET avec la collaboration de A. Schroeder, Le Nouveau Testament expliqué 3 Epîtres de Paul, Saint-Légier : Emmaüs, 1983, p. 396.) « Christ a offert l’un et l’autre : la première, en offrant à Dieu le sacrifice de sa volonté, de son obéissance jusqu’à la mort, ce qui était le devoir de tous les hommes ; le second, en portant sur la croix la peine de leurs péchés. Par le premier de ces sacrifices, il nous a tracé la voie où nous devons le suivre, et nous en a rendus capables ; par le second, il nous a délivrés de la condamnation que nous avions méritées. » (Bonnet, 396-397). Cette façon de vivre, recommandée à tous les croyants et qui s’inspire de l’amour sur la base du modèle donné par Christ, l’auteur de l’Epître aux Ephésiens la veut concrète dans la vie du couple conjugal, en particulier du côté de l’homme.

 De ce texte, il faudrait retenir entre autres :

1) que la soumission exigée ne fait pas de la femme l’esclave de son mari. Pour cela, le texte fait intervenir l’amour de l’homme pour la femme. En réalité, se soumettre et aimer désignent une même chose. Il s’agit de faire don de soi à l’autre par le respect et le service mutuels.

 2) « Comment la paix existerait-elle dans l’Eglise si elle est absente des foyers ? » (J. STOTT, La lettre aux Ephésiens. Vers une nouvelles société, Mulhouse Cedex : Editions Grâce et Vérité, 1995, p. 209.) Cette question relève l’importance ecclésiologique des foyers. Ce sont les membres des foyers qui forment les communautés ecclésiastiques. Ce sont eux qui transfèrent la paix, l’unité, la cohésion, les disputes, les divisions en leur sein dans leurs communautés ecclésiastiques. On pourrait dire, des familles en bonne santé, l’Eglise en bonne santé. Le contraire est aussi valable.  « En effet, la famille spirituelle cesse d’être une réalité crédible si elle n’existe pas à l’échelle réduite dans des familles qui reflètent l’amour de Dieu.»( J. STOTT, 209)

 3) le mariage n’est pas un lieu qui offre l’opportunité de recevoir. Au contraire, il offre l’opportunité de donner. Ne dit-on pas qu’ « on se marie pour rendre heureux et non pour se rendre heureux ». L’homme prend soin de son épouse et la nourrit.  Ephésiens 5.21-33 rappelle que le service est l’un des objectifs que Dieu assigne au mariage. Dieu décida de donner à l’homme l’être qui lui est semblable (Gn 2.18). L’aide dans le contexte de Genèse 2.18 « se rapporte à quelqu’un qui assiste et encourage.»  L’ «Aide fournit ce qui manque à celui qui est dans le besoin » (A. KUEN, Encyclopédie des Difficultés Bibliques. Ancien Testament, volume I Le Pentateuque, Saint-Légier : Emmaüs, 2006, p. 834).

 BANGBADE I. François